Le jour où… « Mes voisins m’ont soutenu après la perte de la moitié de mon cheptel »
Anthony, 32 ans, éleveur laitier en Loire-Atlantique
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«Il y a un peu plus d’un an, j’ai perdu la moitié de mon cheptel laitier. Le dimanche 18 septembre 2016, au matin, je n’ai pas trouvé les vaches dans l’enclos. La barrière était ouverte, elles étaient un peu plus loin, près du stock de céréales. Vu leur état, j’ai tout de suite appelé le vétérinaire et des collègues éleveurs. Mais le soir, dix étaient déjà mortes d’acidose. Et le lendemain, douze autres encore. Cette affaire m’a laissé KO, d’autant plus que l’exploitation se redressait tout juste après plusieurs années difficiles.
Les agriculteurs de la commune ont été les premiers à manifester leur solidarité. Dès le mardi, ils se sont réunis pour voir comment m’aider. Entre la perte des animaux et celle de lait, le préjudice était de 60 000 euros. Au cours de cette réunion, ils ont suggéré d’organiser un appel à dons. Personnellement, je n’étais pas à l’aise avec cette idée, mais je n’avais pas le choix. Seul, je n’aurais pas pu relancer la production.
Journée de la solidarité
À partir de là, les choses sont allées très vite. Depuis plusieurs mois, j’étais en contact avec l’association Terre de liens. Je suis installé en zone périurbaine sur 87 hectares, qui appartiennent à cent douze propriétaires différents. Un vrai casse-tête ! Avec cette association, nous cherchions des solutions pour clarifier la situation. Nous avions notamment décidé de réunir tous ces propriétaires, dont beaucoup habitent encore la commune.
Cette fête était prévue fin septembre, huit jours après la perte des animaux. Elle a été maintenue et rebaptisée « Journée de la solidarité ». Ce fut un vrai succès. Grâce au soutien des participants, j’ai pu reprendre la production. Aujourd’hui, elle a retrouvé son niveau d’avant septembre 2016.
Je me sens redevable, j’ai l’impression d’avoir une dette envers toutes ces personnes, alors j’essaie de les remercier à ma manière. Il y a six mois, j’ai invité tous les donateurs à venir sur l’exploitation pour une journée festive. Nous étions deux cents ! Ce jour-là, j’ai ressenti beaucoup de plaisir. J’ai vu que la vie d’une exploitation intéresse les gens. On m’a posé beaucoup de questions, demandé comment m’aider. Je crois que dans l’esprit des gens, une exploitation agricole n’est pas une entreprise tout à fait comme les autres. Et ça, je ne le soupçonnais pas. »
Propos recueillis par Anne MabirePour accéder à l'ensembles nos offres :